Selon le représentant du directeur du bureau sous-régional CEA Afrique centrale, Dr. Adama Ekberg Coulibaly, par ailleurs chef de section des initiatives sous-régionales au bureau sous-régional, l’enjeu est de dresser l’état des travaux des universités camerounaises sur les questions de diversification économique. La réunion vise, de manière concrète, à valoriser les fruits de la recherche, les travaux du monde universitaire sur la thématique de la ZLECAf, poursuit-il.
Les discussions sur les analyses déjà élaborées par les chercheurs, celles en cours ou celles en réflexion, visent à aider le Cameroun à mieux s’approprier le marché intra-africain. « Les expériences croisées de nos institutions vont éclairer la stratégie dub Cameroun pour la relance de la croissance et la poursuite des efforts visant l’élimination de la pauvreté et l’élévation du niveau de vie », a indiqué le Dr. Adama Coulibaly. Les joutes intellectuelles sont orientées vers une relance verte, durable et inclusive, élargissant l’accès aux biens et services de base comme l’éducation et ma santé, afin d’assurer l’égalité des chances et consolider la résilience de l’économie camerounaise et de la sous-région.
Le séminaire a été organisé en partenariat avec les institutions académiques camerounaises, notamment : le Programme de formation en gestion de la politique économique et le Centre de recherche en économie et gestion de l’université de Yaoundé II, ainsi que la Faculté des sciences économiques et gestion appliquée de l’université de Douala.
C’est aussi l’occasion pour la CEA de nouer une coopération avec le monde universitaire, pour créer le lien afin que les analyses, les études et les connaissances issues des universités soient mises à la disposition des praticiens au niveau des ministères sectoriels. L’idée étant de promouvoir des politiques économiques basées sur les faits. Par ailleurs, les discussions contribuent à alimenter les réflexions visant à renforcer la résilience économique du Cameroun et une diversification tirée par les ressources naturelles et portée par le commerce telle que prônée par le Consensus de Douala. Un autre pan est relatif au renforcement du dialogue engagé afin de faire avancer le processus de diversification économique au Cameroun et en Afrique centrale.
Paradoxe entre la disponibilité des ressources naturelles et une croissance économique qui ne suit pas toujours
L’Afrique centrale dispose d’énormes ressources naturelles qui en font la sous-région du continent la plus riche, aussi bien en hydrocarbures (pétrole, gaz) ou en mines (cuivre, diamant, fer, cobalt, or, manganèse…). D’après la CEA, en moyenne 47% du PIB de la sous-région sont issus des rentées tirées des ressources naturelles, le pétrole notamment. A tel point que ces ressources constituent une base solide pour la transformation structurelle des économies de la sous-région Afrique centrale, fait observer le Dr. Adama. Pourtant, les analyses sont unanimes sur le fait que les niveaux de croissance enregistrés en Afrique centrale n’ont pas permis de tirer le meilleur parti des ressources disponibles, pour améliorer les conditions de vie des populations.
Deux décennies de performances économiques ne se sont pas traduites par une amélioration des conditions de vie de la majorité de la population en 2022. La Banque mondiale justifie cette situation par la faiblesse du taux de croissance qui aurait pu favoriser une réduction de la pauvreté, des sources de croissance et de gestion des ressources naturelles. La faible capacité des politiques publiques à promouvoir une croissance inclusive et à remédier la faible élasticité de la croissance par rapport à la pauvreté est également pour beaucoup.
La plus-value de la diversification économique
Face à la morosité des économies de la sous-région Afrique centrale, la diversification économique, en l’occurrence celle des exportations est une nécessité. Sa mise en œuvre est à même de favoriser la création d’emplois, de renforcer la résilience et de maintenir les taux de croissance nécessaires pour réduire la pauvreté et les inégalités. Le processus de diversification engagé induit le développement des capacités de production pour faire face aux chocs systémiques et prémunir les économies contre les perturbations mondiales (crise russo-ukrainienne, Covid-19, chocs pétroliers).
L’intérêt de la diversification puise son origine dans l’Agenda 2063 de l’Union africaine et le Programme 2030 des Nations unies pour le développement durable. Dans une telle dynamique, le fait pour un pays comme le Cameroun de dépendre d’une seule acticité économique ou d’une gamme étroite d’exportations lui serait préjudiciable. La CEA déconseille d’ailleurs aux pays de l’Afrique centrale de dépendre des produits de base issus de l’industrie extractive. D’où l’encouragement à diversifier leur base économique à travers une industrialisation tirée par les matières premières et le commerce, tel que prescrit pas le Consensus de Douala qui promeut le « Made in Central Africa ».
L’on comprend la raison pour laquelle au cours des 10 dernières années, la CEA a orienté son action sur la promotion du programme de transformation structurelle de la Commission en Afrique centrale. De 2011 à 2016 par exemple, un point d’honneur a été accordé à la politique industrielle, aux défis énergétiques de la sous-région, à l’économie verte, à l’industrie forestière, à la transformation structurelle et à la place de l’agriculture dans la transformation structurelle. Selon les simulations de la CEA, la mise en œuvre de la ZLECAf devrait générer un accroissement des échanges intra-africains de 33,8% en 2045, contre moins de 20% en 2020. Lancée le 1er janvier 2021, la ZLECAf est un vaste marché de 1,3 milliard de personnes. Elle va générer 450 milliards de dollars de gains potentiels.