« L’Afrique centrale a un niveau de capital naturel élevé et hautement stratégique. Mais, il faut le préserver en tenant compte des préoccupations environnementales dans les politiques industrielles », a indiqué le chef de section des initiatives sous-régionales au bureau de la Commission économique pour l’Afrique (CEA) pour l’Afrique centrale, Dr. Adama Ekberg Coulibaly, lors d’un atelier régional organisé du 22 au 26 mai 2023 à Douala (Cameroun).
La valorisation de ce capital naturel considéré comme un avantage collectif est adossée au programme de développement durable des Nations unies à l’horizon 2030, notamment l’Objectif de développement durable 12 qui accorde une place importante à la promotion des modes de production et de consommation écosensibles et durables. Dans ce registre, la CEA préconise la valorisation du potentiel du Bassin du Congo qui représente 530 millions d’hectares de superficie globale, 70% de la couverture forestière d’Afrique, 6% de la surface forestière mondiale et 91% des forêts denses humides d’Afrique. Au niveau énergétique, le Bassin du Congo représente 17 millions de mégawatts de potentiel d’énergies renouvelables et presque 125 000 mégawatts d’hydroélectricité.
Mamadou Malick Bal, économiste à la CEA, y voit d’ailleurs un élément de compétitivité à prendre en compte. Il fait allusion à la promotion des chaînes de valeur vertes et durables, qui tiennent compte de la protection des ressources, de la nécessité de développer des énergies renouvelables pour dynamiser les industries des Etats. A terme, il est question de comptabiliser ce capital naturel à travers la mise en œuvre des systèmes de comptabilité numérique environnementale.
Un projet de consortium dans le pipe pour tirer avantage du capital naturel
Pour matérialiser cette ambition, la CEA propose un consortium basé sur le capital naturel que les Etats de la sous-région ont en commun. Si nous sommes tous dans ce consortium du capital naturel, chacun en tant que pays pourra émettre un titre en fonction du capital naturel dont il dispose. Des titres de 10 000 F ou 5000 F peuvent être souscrits par tout le monde, qu’il s’agisse d’un ouvrier, d’un transporteur. C’est un capital populaire », confie le Dr. Adama Coulibaly.
Le projet de mise en place du consortium a été lancé le 5 mai 2022 à Libreville au Gabon, avec l’idée qu’il soit logé à la Banque de développement des Etats de l’Afrique centrale (BDEAC). C’est un mécanisme pour lever les fonds afin de financer nos cinq domaines prioritaires : pétrole, métaux, agro-industrie, or… sans contracter de nouvelles dettes. La CEA entrevoit déjà la possibilité de développer un marché de crédit carbone où on émet des titres qui sont comptabilisés à travers la technologie blockchain.